Des agriculteurs fortement connectés et de plus en plus adeptes du smartphone, tel est l’une des conclusions de l’étude agrinautes que nous présente Mikael Ménager directeur d’Hyltel.
Agrinautes : une source de données unique
Depuis une dizaine d’années l’étude Agrinautes nous renseigne sur les pratiques et l’utilisation d’internet par les agriculteurs. A l’origine : « […] cette étude a été mise en place par Terre-net, un média agricole généraliste sur internet. La vocation de l’étude était alors de comprendre les attentes des agriculteurs et leur utilisation du web pour mieux les servir et s’adresser à eux, via un site d’information agricole généraliste » nous explique Mikaël Ménager.
L’étude est réalisée chaque année au mois de juin via un e-mail envoyé à tous les contacts agriculteurs issus de la base de données d’Hyltel, partout en France. Puis, les 1 000 à 1 200 résultats reçus sont traités par BVA, un cabinet d’étude indépendant. L’objectif de BVA est pouvoir comparer les résultats avec les tendances de la société en matière de numérique. Depuis quelques années, les résultats de l’étude se lissent sur l’utilisation d’internet.
En effet, là où l’étude était novatrice il y a 10 ans avec une poignée d’agriculteurs à la pointe, la quasi-totalité des agriculteurs sont aujourd’hui connectés : « Tous les agriculteurs utilisent internet, pour des raisons administratives, de déclaration des animaux […] ils n’ont pas le choix […] ». L’évolution des tendances se situe donc davantage au niveau des pratiques et des équipements numériques des agriculteurs…
« Tous les agriculteurs utilisent internet, pour des raisons administratives… Ils n’ont pas le choix ».
Le smartphone au coeur de la tendance
En 2018 plus que jamais, une grande tendance se dégage de l’étude Agrinautes : l’utilisation accrue du smartphone. Pour Mikaël Ménager, il y a deux raisons à cette évolution : « Tout d’abord la démocratisation des appareils.
Aujourd’hui on a plus de choix en matière de smartphone qu’en mobile classique et le smartphone devient aussi meilleur marché. La deuxième raison est le réseau. On a parfois une meilleure connexion dans les zones rurales sur un mobile que sur l’ordinateur de l’exploitation. »
Les chiffres de l’étude sont représentatifs de cette tendance : 71 % des enquêtés disent disposer d’un smartphone et 58 % l’utilisent pour se connecter à internet. » La connexion à internet via smartphone en est même arrivée à supplanter la connexion via ordinateur notamment cet été. La tendance du smartphone va aussi de pair avec l’évolution des habitudes de consommation de l’information des agriculteurs comme pour le reste de notre société : « aujourd’hui on picore de l’information ».
On cherche une information instantanée, courte, utile et parfois visuelle. On le constate avec l’essor de la demande en matière de vidéos en ligne notamment à des fins de formation pour les agriculteurs. Plus que le smartphone, le développement d’applications à interrogation vocale semble être la tendance qui se dessine dans un avenir proche comme le souligne le Directeur d’Hyltel : « Je crois au développement d’applications vocales pour les agriculteurs que ce soit dans le tracteur, la salle de traite, pour des problématiques courtes comme la météo… » L’information via des canaux numériques oui, mais le papier est-il mort pour autant ? Pour Mikaël Ménager la réponse est non : « Les agriculteurs ont encore besoin de contenu technique, approfondi et fouillé. Ce contenu on va le chercher sur papier ». Pour le web comme pour le papier tout est une question de contenu et de message.
Nous l’avons constaté, les tendances mises en lumière par l’étude Agrinautes évoluent. Des changements qui amènent l’étude à évoluer elle-même pour gagner en précisions : « Nous administrons l’étude en juin avec des effets qui peuvent être conjoncturels […] comme cette année avec la coupe du monde de football par exemple […] nous devons lisser l’administration de ces enquêtes. […] Il faut qu’on engage également des enquêtes sur le « comment » les agriculteurs accèdent à une information sur internet, quel est leur parcours ». Enfin, le monde agricole étant un écosystème où gravitent de nombreux acteurs, il est important, selon le Directeur de l’Hyltel : « d’administrer cette étude aussi aux techniciens de terrain, au commerciaux et technico-commerciaux pour qu’ils puissent mieux comprendre dans quelle démarche l’agriculteur s’inscrit en termes d’acquisition de l’information dans leur domaine. » L’étude Agrinautes n’a donc pas finit d’être une mine d’informations sur l’univers agricole…