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Mar

Interview d’Hervé Pillaud : agriculture numérique, la révolution à venir

écrit par GDS
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Hervé Pillaud, agriculteur éleveur en Vendée, responsable professionnel, président du salon TechʼElevage. Auteur de « Agronumericus, internet est dans le pré » (Editions France Agricole 2015).

Agriculture numérique, agriculture connectée, agriculture 2.0… Quʼest-ce qui se cache derrière ces appellations ?

Lʼessentiel du changement ne tient pas aux outils, mais à un changement de société. Et lʼagriculture nʼy échappe pas. Les technologies numériques ne sont là que pour accompagner le changement. Cʼest une innovation « de rupture » : on va passer dʼune agriculture utilisatrice massive dʼintrants à une agriculture utilisatrice de connaissances de manière tout aussi massive, ce qui ne veut pas dire quʼon va abandonner les intrants. Lʼagriculture devra produire plus (produits alimentaires, bioénergie, biomatériaux…), mais avec des ressources limitées. Et en matière de connaissances, nous ne valorisons quʼune très faible partie des ressources disponibles au niveau des données, ce quʼon appelle les « big data ».

Les big data, cʼest quoi ?

Ce sont dʼabord de gros volumes de données accumulés au niveau dʼune masse dʼexploitations, venant dʼorigines diverses (sols, cultures, animaux, flux dʼoiseaux…) collectées à travers des capteurs ou des satellites et qui évoluent plus ou moins rapidement (ex : météo). Cette innovation va entraîner une multitude dʼautres innovations : des logiciels, des drones, des capteurs, des robots….
On nʼen est quʼau début. Cela va révolutionner la communication, les rapports entre les gens. On va passer dʼune information descendante à une information plus horizontale. Dernière composante de cette mutation, lʼimpact sur le temps par la diffusion en temps réel (mails à toute heure), et sur lʼespace, car la technologie ne connait pas les
frontières.

Quels seront les impacts sur lʼagriculture ?

Les agriculteurs devront sʼemparer de ces nouvelles technologies pour récupérer de la valeur ajoutée. Les impacts seront multiples, par exemple dans la gestion des risques en anticipant les prévisions de récolte. Les conséquences sur la gestion et la maîtrise des marchés seront énormes depuis la prévision jusquʼà la logistique en passant par le marketing. De même, on va voir se développer le financement participatif (crowdfunding), centré plus sur lʼusage des biens que sur la propriété. Autre secteur touché, la recherche et lʼexpérimentation qui associera les agriculteurs aux travaux de recherche. De même, en matière de conseil et de formation, les rapports seront inversés par lʼusage dʼinternet. Enfin, les objets connectés (capteurs, robots…) vont diminuer les tâches les plus ingrates et répétitives pour se consacrer à autre chose.