Rencontre avec Jean-Luc Martin, Président des Vieilles Charrues
Pour le grand public, les Vieilles Charrues, c’est d’abord le 1er festival de musique de France avec des stars de la chanson.
Mais en coulisses, on trouve une formidable organisation de milliers de bénévoles de la région de Carhaix. Avec un président aussi discret qu’efficace, Jean-Luc Martin.
Comment présenter les Vieilles Charrues ?
Depuis sa création à Landeleau au bord du canal de Nantes à Brest à l’initiative d’une bande de copains, le festival n’a pas arrêté de grandir pour rassembler aujourd’hui plus de 200 000 personnes sur 4 jours. On y croise des gens de tout statut (des chômeurs, des avocats, des patrons, des salariés…), de tous milieux et de toutes générations. Les Vieilles Charrues, c’est d’abord un lieu de rencontre intergénérationnel et cela dure depuis plus de 25 ans. C’est un festival populaire et un lieu de découverte de tout type de musique, de Patrick Bruel à Bruce Springsteen, de Pierre Perret à David Guetta.
Comment êtes-vous entré dans l’association de bénévoles ?
J’y suis depuis 1994, deux ans après sa création. J’avais des copains dans l’association. Je suis originaire comme mon épouse de la région de Carhaix. À l’époque, j’étais déjà DJ et j’animais des mariages. J’ai d’abord été bénévole en charge de la sécurité puis de la restauration du festival qui se passait alors au centre-ville de Carhaix.
Ensuite je suis entré dans le bureau pour prendre la responsabilité de la restauration sur 3 jours sur le site actuel de Kerampuil. Je suis devenu vice-président en 2002, puis co-président l’année suivante avec Jean-Philippe Quignon, du Télégramme, qui nous a malheureusement quittés en 2012. Nous avons très bien fonctionné en tandem pendant 10 ans. Il s’occupait des relations avec les médias, et moi, j’étais responsable de toute la logistique et du pilotage des équipes de bénévoles réparties par pôle.
« Le festival est un vrai moteur
pour l’économie locale,
son audience contribue
à l’attractivité de
la Bretagne… »
Comment expliquer la réussite du festival ?
Il faut jouer sur tous les tableaux : une programmation très ouverte avec des têtes d’affiche, une logistique sans faille et un budget équilibré tout en proposant des prix d’entrée abordables. Le public vient là bien sûr pour écouter de la musique, mais aussi pour rêver, faire la fête et vivre un bon moment. Le festival s’appuie avant tout sur 6 500 bénévoles venant de 110 associations locales qui bénéficient du résultat du festival. Tous les jours, on compte près de 70 000 personnes sur le site et il faut s’en occuper, les nourrir, les loger (campings), les sécuriser… C’est une véritable organisation comme dans une entreprise. Il faut répartir les métiers, déléguer, et s’assurer que tout se passe bien le jour J…
Le public est au rendez-vous ?
Cette année encore, nous devrions afficher complet quelques mois avant l’ouverture du festival. Nous pouvons compter sur les réservations (200 000 billets !) et sur l’implication de nos partenaires pour boucler le budget de 15 M€, sans subvention ! Le festival est un vrai moteur pour l’économie locale, mais son audience contribue à l’attractivité de la Bretagne. Si l’équipe est réduite (une dizaine de salariés permanents toute l’année), au moment du festival, on compte 2 000 salariés occasionnels, sans parler des prestataires de services pour la sonorisation, la sécurité…
Des projets pour les prochaines éditions ?
Nous allons encore agrandir le site et nous rapprocher du château avec une 5e scène destinée à de nouveaux spectacles. Il faudra revoir l’organisation du site, mais il nous faut innover en permanence.
Depuis 2016, les 1 200 points de paiement sont reliés en wifi et le site est entièrement câblé en fibre optique. Nous avons ainsi été les premiers à introduire des bracelets de paiement électronique. Il faut toujours anticiper, garder le cap, en maintenant l’esprit original d’un festival qui fait la fierté de ses organisateurs bénévoles.
Propos recueillis par Rémi Mer