10
Mar

Damien Seguin, sportif au cœur d’or

damien seguin
écrit par GDS
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Rencontre avec Damien Seguin, grand gagnant des jeux paralympiques de Rio

Médaillé d’or aux derniers jeux paralympiques de Rio, Damien Seguin est un passionné, il se démène sans compter pour vivre et partager son amour de la voile.

Comment en êtes-vous venu à pratiquer la voile ?

Je suis né à Briançon où mon père était guide de haute montagne. Il m’a toujours incité à faire du sport de l’escalade, du ski, à trouver des solutions par moi-même malgré mon handicap*. Je n’ai pas été élevé comme un enfant handicapé, j’étais un gamin comme les autres. Mon père a été muté en Guadeloupe et c’est là que j’ai commencé à faire de la voile à 10 ans.

Comment êtes-vous devenu sportif de haut niveau ?

J’étais plutôt bon élève en sport. En 1998, je suis vice-champion du monde en catamaran (catégorie « valides »). Je décide alors de revenir en métropole et je rejoins l’équipe de France de catamaran. Je m’entraîne à Quiberon 4 jours par semaine ; le reste du temps, je suis étudiant à l’Université de Rennes pour devenir professeur de sport. J’ai ensuite passé le concours de professeur d’éducation physique et sportive pour en faire mon métier. A partir de 2003, je suis détaché par l’Éducation Nationale pour intégrer l’équipe de France para-olympique en « handi-voile ».

Vous avez participé à 4 jeux para-olympiques, quelle leçon en retirez-vous ?

J’ai très vite participé à des compétitions normales avec les « valides ». J’ai décidé de concourir aux jeux para-olympiques en 2004, lors des jeux d’Athènes, où j’ai gagné la médaille d’or en voile, en classe 40. A Pékin, j’ai eu la médaille d’argent et j’ai fini 4ème  à Londres en 2010. J’étais cette année-là le porte-drapeau de la délégation française. Lors des derniers jeux à Rio – où j’ai gagné une nouvelle médaille d’or -, les médias ont bien couvert la manifestation.
C’est une aventure humaine extraordinaire. Tous les athlètes (150 dans la délégation française) sont d’abord tournés vers la compétition ; ce sont avant tout des sportifs, des compétiteurs qui sont là pour faire une performance et ils cherchent tous à dépasser leur handicap. C’est la consécration d’un long travail de préparation.

Dites nous Damien Seguin, quel est votre prochain challenge ?

Je voudrais faire le Vendée Globe en solitaire en 2020. Cette année, c’était impossible avec la préparation des jeux de Rio. D’ici là, je ferais la Transat Jacque Vabre en 2017 et la course du Rhum à nouveau en 2018. Le Vendée Globe, c’est un budget plus important avec des bateaux plus grands (60 pieds). Je le ferai avec mon sponsor actuel (ERDF) qui soutient mon association « Des pieds et des mains »**.

Quels sont les objectifs de votre association ?

Après ma médaille d’or à Athènes en 2004, j’ai créé une association pour faciliter l’intégration des handicapés dans le monde nautique pour que les handicapés fassent de la voile avec les valides.

Cela suppose de favoriser leur accueil sur les bateaux et d’inciter aussi les handicapés à en faire. Même si j’ai laissé la présidence, je reste le parrain de l’association et j’y travaille toujours comme bénévole.

En participant à des compétitions avec les « valides », que voulez-vous montrer ?

J’ai participé à 7 courses au large, en double et en solitaire, dont deux Routes du Rhum (2010, 2014), deux fois la transat Jacques Vabre. C’est déjà difficile d’accéder au top niveau, c’est encore plus dur d’y rester ! On doit compenser par plus de tactique et de stratégie. Ma fierté ? Avoir terminé la course du Rhum dans les 10 premiers ! Ce qui me motive, c’est de monter des projets, de me confronter avec les autres, de partager ma passion avec les gamins que je rencontre dans les écoles. Né avec un handicap, j’ai du bosser et prouver un peu plus que les autres. Je veux montrer aux jeunes qu’il est possible de réaliser ses rêves.

Interview réalisée par Rémi Mer

*Damien Seguin est né sans main gauche

**Le site des pieds et des mains

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